Nom de code : MBA. Traduction : Master of Business Administration Formation d’excellence en management et gestion, ce diplôme, imprégné d’une forte culture internationale, est très prisé par les candidats. Mais quel est l’intérêt pour l’entreprise ?
Plus que deux candidats en lice pour le poste de directeur financier que vous cherchez à pourvoir. Les deux sont titulaires d’un baccalauréat en finance : Mr X a 10 ans d’expérience et Mr Y vient de finir ses études, mais… il a un MBA. Alors, dilemme cornélien ou choix évident ?
Prenons l’exemple du MBA de l’Université d’Ottawa. Éthique, gestion, leadership, comptabilité et stratégie, management, marketing, ressources humaines, principes d’économie pour entreprises internationales… les cours visent à former des gestionnaires chevronnés. Sur le papier, ces MBA formeraient de véritables « pros » du management et du monde des affaires pour des postes à responsabilités. Autonomes, capables d’initiatives et d’adaptation, ils conviendraient parfaitement aux environnements internationaux et multiculturels. Mais sur le terrain, les avis sont partagés. Deux spécialistes nous livrent leurs regards croisés sur la question.
MBA + expérience = duo gagnant
Entrevue avec Donna Keough, Chef divisionnaire adjoint – Recrutement et fidélisation Développement des Personnes et Culture, Bell
Recrutez-vous des diplômés de MBA ?
Nous recrutons 30 à 50 diplômés par an et en 2007, près de 15 % étaient titulaires d’un MBA. Car l’objectif de notre programme d’embauche de diplômés est de recruter les meilleurs candidats, qu’ils soient de 1er, 2èmecycle ou MBA. Notre but est vraiment de dénicher les talents disponibles.
Quels profils privilégiez-vous chez les MBA ?
Deux genres de profils caractérisent les MBA. D’une part, les étudiants qui ont complété un MBA suite à leur 1er cycle. D’autre part, les candidats détenant un baccalauréat, mais qui ont déjà deux à cinq ans d’expérience et qui ont décidé de maximiser via un MBA. Ce sont ces derniers que nous apprécions tout particulièrement, car ils ont un peu plus de vécu en affaires.
Quel est l’intérêt pour une entreprise d’embaucher un candidat titulaire d’un MBA ?
Très souvent,ce sont des candidats qui ont de meilleures connaissances générales en finances, administration des affaires et marketing. Nous les recrutons essentiellement pour les postes de cadres. Toutefois, il est important de mentionner que ce n’est pas parce que l’on a un MBA que l’on sera forcément mieux rémunéré. La rémunération est basée en fonction de plusieurs facteurs : le niveau d’études bien sûr, mais principalement la performance et l’expérience.
Quelle est votre politique de promotion interne en la matière ?
Nous soutenons les employés qui veulent continuer à se développer via un MBA. C’est un investissement que nous encourageons. Cependant, cela ne veut pas dire que la compagnie s’engage à payer les coûts en partie ou en totalité. Nous avons mis en place un programme et un comité est chargé d’évaluer chaque demande au cas par cas.
« C’est la cerise sur le gâteau ! »
André Couillard, Associé Ray & Berndtson, spécialiste du recrutement de cadres
Vos clients recherchent-ils particulièrement les candidats titulaires de MBA ?
Il est très rare que les recruteurs nous demandent spécifiquement un candidat avec un MBA. S’il y en a un, tant mieux, mais ce n’est pas un critère. Un MBA, c’est vraiment un plus. Pour la formation, ils recherchent surtout un diplôme pertinent par rapport à leur secteur, généralement un baccalauréat. En revanche, dans la fonction publique, les candidats recrutés ont très souvent un MBA. Disons que certains recruteurs pensent que c’est mieux.
Et ça ne l’est pas ? Que vaut un MBA sur le marché du travail ?
Un diplôme ne garantit pas la performance. Nous recrutons actuellement un directeur pour une grande compagnie. Diplôme ou pas, MBA ou pas, l’entreprise nous a demandé une seule chose : qu’il ait de l’expérience. Il faut bien se dire qu’un MBA ne garantit ni un emploi ni d’être payé plus. Le salaire est fonction de l’expérience et du poste.
Quel est alors l’intérêt d’un MBA pour une entreprise ?
Je dirais qu’il nous apprend plus de choses sur la personnalité du candidat. Un cadre qui décide de faire un MBA démontre qu’il n’a pas peur de s’investir et qu’il est très motivé. Et pour les postes de gestionnaires seniors, les titulaires de MBA ont quand même un plus grand champ d’expertise générale en gestion. Mais c’est vraiment l’expérience qui prime. L’idéal c’est donc le candidat qui a déjà travaillé plusieurs années et qui, fort de son expérience, entreprend un MBA.
—————–
À savoir
– Attention, si le nom MBA est reconnu internationalement, l’appellation n’est pas protégée. Les labels AMBA, AACSB et Equis peuvent vous servir de référence dans la masse de CV reçus.
– Sont également apparus les EMBA, ou Executive MBA. Ils se distinguent du MBA par le degré d’expérience professionnelle des candidats. Ainsi, l’Executive MBA HEC Montréal – McGill s’adresse uniquement aux cadres et gestionnaires justifiant d’au moins dix ans d’expérience, dont cinq ans à un poste de gestion.